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Wednesday, February 13, 2019

L’histoire des esclaves oubliés de Tromelin en quelques images

En 1761, le bateau "L’Utile" échoue sur un îlot au large de Madagascar avec, à son bord, 142 hommes d’équipages et presque autant d’esclaves… Les survivants construisent un bateau de fortune. Une partie d’entre eux s’embarque à bord et abandonne à leur sort les 80 esclaves d’origine malgache. Quinze ans plus tard, un bateau vient les rechercher. Ils ne sont plus que huit. Comment ont-ils survécu ?

C’est à cette histoire et aux fouilles sur l’îlot que s’intéresse l’exposition "Tromelin, l’île aux esclaves oubliés" au Musée de l’Homme à Paris. Outre le contexte de l’expédition qui a mal tourné, les fouilles (quatre missions en 2006, 2008, 2010 et 2013, pour 734 objets retrouvés) et la BD de Savoia parue en 2015 sont mis en lumière pour mieux comprendre ce qu'il s'est passé.

Visite guidée en quelques images. 

Le bateau "L’Utile" 

L'Utile devait ressembler à ce bateau présenté dans l'exposition Tromelin, l'île des esclaves oubliés
L'Utile devait ressembler à ce bateau présenté dans l'exposition Tromelin, l'île des esclaves oubliés © Radio France / France Inter
Parti de Bayonne en novembre 1760, en pleine guerre de Sept ans, L’Utile est ce qu’on appelle une flûte (un bateau de charge robuste à usage commercial). Il appartient à la Compagnie française des Indes Orientales et est armé par les négociants Jean-Joseph de Laborde et François Nogué. 

À sa tête : le capitaine Lafargue. L’équipage est composé de 142 hommes. Le navire fait une première étape à Port-Louis (Île Maurice), où les cales sont remplies de bœufs (zébus), et de riz… Puis 160 esclaves d’origine malgache montent à bord dans le port de Foulpointe à Madagascar. 

Le naufrage sur l’Île des sables

Suite à une grossière erreur de navigation, le 31 juillet vers 22h30, l’Utile s’échoue sur l’Île des sables, un minuscule îlot d'un kilomètre carré, battu par les vents, à l’est de Madagascar. Au sein de l'équipage, une vingtaine d’hommes se noient. Les esclaves ne se libèrent qu’une fois le bateau disloqué ;  80 d’entre eux s’en sortent.

Très vite, la vie s’organise sur l'îlot. Les rescapés creusent un puits, et trouvent de l’eau. Même saumâtre, elle  va permettre leur survie. Puis ils se lancent dans la construction d’un bateau.
En 1761, l’équipage, avec à sa tête le premier lieutenant Barthélemy Castellan du Vernet et comprenant l’écrivain Hilarion Dubuisson de Kéraudic, quitte l’île en laissant sur place 80 esclaves, qui avaient pourtant participé à la construction du bateau. Ils promettent de venir rapidement les rechercher.

La survie pendant 15 ans

Une fois l’écrivain parti, ce n’est plus l’histoire qui permettra de reconstituer le destin des 80 esclaves mais l’archéologie. Quatre missions de fouilles ont lieu en 2006, 2008, 2010, et 2013. Elles permettent de reconstituer la vie sur l’île de façon assez précise. Les archéologues sont parfois aidés par les tortues, qui en enfouissant leurs œufs, font ressurgir des vestiges. 
Vaisselle retrouvée à Tromelin présentée au Musée de l'Homme dans l'exposition "Tromelin, l'île des esclaves oubliés"
Vaisselle retrouvée à Tromelin présentée au Musée de l'Homme dans l'exposition "Tromelin, l'île des esclaves oubliés" © Radio France / AD/France Inter
Les hommes et les femmes de l'Utile se sont d’abord servis d’outils échappés du bateau. Ils s’en sont fabriqué des nouveaux et ont construit un four. Les différentes campagnes révèlent qu’ils se sont nourris d’oiseaux (on a retrouvé des reste cuisinés de sternes fuligineuses), de tortues et de poissons. Dans l’exposition on peut admirer les réchauds, de la vaisselle, mais aussi des parures féminines, signes d’une vie sociale.
Pour l’habitat, les Malgaches, habitués à vivre isolément, se sont adaptés et ont construit des habitations de fortune groupées aux murs épais (1 m à 1,5 m de large) en mortier et galets dont on a retrouvé les fondations.
Maquette des fondations des habitations retrouvées à Tromelin
Maquette des fondations des habitations retrouvées à Tromelin © Radio France / AD/France Inter

Sauvés par Tromelin

Le Capitaine Castellan du Vernet va tardivement tenir sa promesse. Dans une lettre touchante, qui débute par ces mots « L’humanité m’engage à vous faire part de… » (présentée dans l’exposition), il demande à ce qu’on aille chercher les esclaves abandonnés sur l’île. 

Ce n’est que le 29 novembre 1776, soit quinze ans après l’échouage que sont recueillis sept femmes et un bébé de huit mois par Jacques Marie de Tromelin
Les hommes de Tromelin vont, entre autres, se nourrir de tortues. Reste de carapace dans l'exposition "Tromelin, l'île des esclaves oubliés"
Les hommes de Tromelin vont, entre autres, se nourrir de tortues. Reste de carapace dans l'exposition "Tromelin, l'île des esclaves oubliés" © Radio France / France Inter

En savoir plus 

L’exposition Tromelin, l’Île des esclaves oubliés se tient dans le cadre des 70 ans de La déclaration universelle des Droits de l’Homme dont l'article 4 stipule : « Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude». Créée au Château des ducs de Bretagne, elle présente les fouilles en trois parties (historique, archéologique et mémorielle) ainsi qu'une installation de Savoia. L’exposition "Tromelin, l’île aux esclaves oubliés" ouvre le mercredi 13 février 2019 au Musée de l’Homme à Paris.



Projection des dessins d'esclaves de Savoia tirés de la BD dans l'exposition Tromelin, l'île des esclaves oubliés au Musée de l'Homme à Paris

Projection des dessins d'esclaves de Savoia tirés de la BD dans l'exposition Tromelin, l'île des esclaves oubliés au Musée de l'Homme à Paris © Radio France / Anne Douhaire/France Inter

En 1761, le bateau "L’Utile" échoue sur un îlot de sable à l’Est de Madagascar avec, à son bord, 310 personnes (équipage et esclaves)… Un radeau de fortune est construit, mais seule une partie des naufragés y monte. Comment survivent les autres ? L’exposition "Tromelin, l’île aux esclaves oubliés" commence demain.

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L’histoire des esclaves oubliés de Tromelin en quelques images

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